samedi 6 novembre 2010

Afterlife (saison 1) : du travail d'orfèvre

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Sept mois seulement séparent le lancement de Médium, série américaine centrée sur la faculté d’Allison Dubois à communiquer avec les morts, de celui d’Afterlife : créée par Stephen Volk et diffusée entre le 16 août 2005 et le 11 novembre 2006 sur ITV (réseau privé britannique), Afterlife met en scène les (més)aventures d’une certaine Alison, qui partage avec sa consœur américaine les mêmes capacités à entrer en contact avec l’au-delà.

Mais si, sur le papier, les deux pitchs sont troublants de similitude, la comparaison s’arrête là : bien qu’il ne soit nullement question de remettre en cause les qualités de Médium, force est de constater qu’Afterlife joue dans une toute autre catégorie. Mettant de côté le potentiel sensationnel et effrayant du récit, la série de Stephen Volk tire toute sa force de son enracinement dans le réel : Alison Mundy vit seule à Bristol dans une bicoque défraîchie et n’aspire qu’à mener une existence normale. Loin d’être infaillible, son don ne fonctionne pas sur commande et aboutit rarement à des résultats spectaculaires ; la police locale n’a que faire de ses services, et c’est dans l’alcool que la médium noie sa douleur, sans cesse tourmentée par les morts aussi bien que par les vivants.

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Des vivants sceptiques et réticents qui, à l’image du très rationnel Robert Bridge, enseignant en psychologie et spécialiste du paranormal, ne cessent de questionner sa santé mentale ; si leur relation complexe, conflictuelle et profonde doit beaucoup à l’excellente interprétation de Lesley Sharp et Andrew Lincoln – qui seront par ailleurs respectivement nominés comme meilleure actrice et meilleur acteur au Festival de Monte-Carlo 2007 -, elle repose également sur les grandes qualités d’écriture de la série : loin de s’enfermer dans le carcan du formula show, la première saison d’Afterlife parvient à établir une structure solide en seulement six épisodes, sans que jamais le spectateur ne prenne totalement conscience de cette ossature. Qu’elle tente de venir en aide à la police pour retrouver une petite fille disparue, qu’elle s’acharne à percer le secret d’un jeune garçon interné pour schizophrénie, qu’elle « libère » une vieille dame condamnée à errer dans une maison de retraite ou qu’elle soit utilisée par une jeune femme persuadée que son appartement est hanté, Alison n’a de cesse de trouver le repos et la tranquillité, et c’est toujours malgré elle que ce don, qu’elle considère presque comme une malédiction, revient troubler le cours de sa vie. Toujours contactée par des moyens différents, pour des motifs différents et dans des circonstances différentes, Alison va de surprise en surprise et nous préserve de tout sentiment de lassitude, chaque épisode apportant plus de densité et de profondeur à cet incroyable personnage.

« You don’t choose the spirits. They choose you », avait l’habitude de lui répéter sa tante Vi, qui lui a révélé dès l’âge de dix ans ses talents de médium. Mais plus encore que des morts, c’est bien des vivants dont il est question dans Afterlife, de la complexité des rapports humains et de la souffrance comme fatalité, mais aussi comme gage de la richesse de cette vie. Si Afterlife impressionne, c’est par sa capacité à explorer les tréfonds de l’âme humaine ; si elle tient en haleine, c’est au cours de ces huis-clos entre morts et vivants, où le poids du secret, de la culpabilité, de la rage et de la détresse humaine effraie finalement bien davantage que toute la dimension paranormale, si spectaculaire soit-elle.

Afterlife est un petit bijou de noirceur et de justesse. Qu’on se le dise.

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