samedi 6 novembre 2010

True Blood : bilan de la saison 1

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Difficile d’appréhender True Blood en faisant abstraction du précédent chef-d’œuvre de son créateur, Alan Ball, tant il est vrai que Six Feet Under avait atteint en cinq saisons des sommets de justesse et de fragilité. Si à l’issue de ces douze premiers épisodes, la nouvelle collaboration Ball / HBO peine à convaincre totalement, force est de reconnaître qu’elle invite à en découvrir davantage… et sans tarder.

Petit rappel pour celles et ceux qui auraient passé les deux dernières années au fond d’un caveau : depuis la création du « Tru Blood », une boisson à base de sang synthétique inventée au Japon, les vampires, qui ne sont désormais plus contraints de tuer les humains pour survivre, sont progressivement sortis de l’ombre et revendiquent une égalité de traitement et de droits. Au sein de BonTemps, petite ville de Louisiane, le racisme anti-vampires s’intensifie à mesure que les meurtres se succèdent, rendant la cohabitation plutôt difficile ; c’est dans ce contexte que Sookie, serveuse télépathe, va tomber amoureuse du vampire Bill.

Une blonde ingénue à peine sortie de l’œuf, un vampire taciturne et tourmenté tant par son humanité que par sa bestialité… Nul doute que les aventures de Buffy et d’Angel ont constitué une source d’inspiration non négligeable pour Alan Ball, y compris dans la tonalité primesautière, légère et parfois franchement mièvre des premiers épisodes. Mais Ball, tout comme Joss Whedon en son temps, se joue des codes et manie les genres plutôt habilement – quitte à nous laisser parfois seuls juges du degré d’interprétation de certaines scènes -, naviguant gaiement entre soap, série B, sitcom et teen-movie (difficile à ce propos de ne pas penser à Scream en voyant surgir Sookie à l’orée des bois, toute de blanc vêtue et sautillante au possible…si les vampires ne tuent pas, qu’en est-il vraiment du ridicule ?)

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Mais là où Buffy contre les Vampires gagna en profondeur en filant la métaphore du passage à l’âge adulte, True Blood revisite le mythe à la sauce politique, identitaire et sociale. Car face à des vampires désormais sortis de l’ombre (symboliquement, soit) et revendiquant leurs droits, s’inscrivant ainsi dans la longue tradition américaine des mouvements civiques, la peur de l’étranger et le repli fondamentaliste font rage : traités sur un mode hyper-réaliste, les débats opposant l’Association Américaine pour les Droits des Vampires à l’Eglise de la Communauté du Soleil nous ramènent vers un monde on-ne-peut-plus familier, dans une Louisiane marquée par son passé esclavagiste et ségrégationniste, mais aussi par sa pauvreté et son isolement.

Alan Ball excelle à reconstituer cette atmosphère de petite ville du Sud, sorte de microcosme moite emprunt de fascination, de désir et de sexualité, au sein duquel tous n’aspirent en réalité qu’à dépasser l’interdit. Le générique est à ce titre une vraie belle réussite, superposant aux images violentes d’animaux en décomposition et de membres du Ku Klux Klan la voix brûlante de Jace Everett. « I wanna do bad things with you » : quelle meilleure invitation à la transgression ?

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