samedi 6 novembre 2010

Nurse Jackie : L'hôpital et la charité

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Saison 1

Nurse Jackie, une série médicale de plus ? Il semble que le public ne s’y soit pas trompé : lancé le 8 juin 2009 sur Showtime, le pilote de la série a battu des records d’audience, incitant la chaîne à commander une deuxième saison, puis une troisième. En France, c’est Canal + qui en assure la rediffusion depuis le 1er avril 2010. Le pitch est simple : Jackie Peyton, infirmière dans un hôpital new-yorkais difficile, tente par tous les moyens de trouver un semblant d’équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée. Usée jusqu’à la corde par son boulot, elle tient le choc grâce à un cynisme mordant et à une bonne dose d’anti-douleurs…

Impossible de ne pas y voir un clin d’oeil à la Vicodin du Dr House et à son attitude faussement misanthrope : Jackie Peyton est fatiguée, désabusée, et endort son mal de dos et ses angoisses à coup de médicaments. Mais Peyton n’est pas House et la comparaison s’arrête là : l’une est infirmière, l’autre médecin. L’une est une femme, l’autre est un homme. Deux points qui peuvent sembler évidents mais qui modifient totalement l’angle d’approche de la série.

Là où House se réfugie dans la technique et la science, préférant de loin considérer son patient comme un « cas », Jackie n’a guère le choix : c’est à l’humain qu’elle est confrontée, à ses humeurs, à ses peurs, à ses contradictions. Sa seule confidente, une collègue médecin froide et ultra-rationnelle, le résume en quelques mots : « Tu voulais soigner les gens, être dans la compassion et l’écoute : tu es devenue infirmière. Moi quand j’étais gamine, j’ai ouvert un lapin pour comprendre comment ça fonctionnait : je suis devenue médecin. » Certes le distinguo est ici un peu caricatural, mais annonciateur de l’approche de la série : dès les premiers épisodes, l’accent est mis sur l’aspect social du métier de soignant, parfois au détriment du réalisme médical et scientifique ; le choix d’un petit hôpital moyennement équipé va dans le même sens : la matière première de Nurse Jackie n’est pas la course au diagnostic mais l’observation d’une certaine frange de la société.

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Deuxième particularité : Jackie est une femme. Et une femme version Showtime, de la trempe de celles - qu’elles soient des personnages centraux ou secondaires – que l’on peut retrouver dans la plupart des productions de la chaîne : de Weeds à United States of Tara en passant par The L Word ou la plupart des rôles féminins de Dexter, Showtime craque pour les femmes fortes, exerçant des métiers difficiles et gérant de front carrière et famille, face à des hommes de plus en plus «maternels », quand ils ne sont pas totalement absents. Edie Falco est parfaite dans le rôle d’une Jackie désabusée, cynique, directe, dure et pourtant nuancée. Il faut dire qu’elle n’en est pas à son coup d’essai : après avoir incarné une femme de flic – Eva Thormann – dans Homicide, elle sera gardienne de prison – Diane Whittlesey – dans Oz, toujours pour le même Tom Fontana ; la consécration viendra du rôle de Carmela, alias Madame Soprano, qu’elle porta avec une grande finesse durant huit années et six saisons, lui valant au passage trois Emmy Awards et deux Golden Globes tout à fait mérités.

C’est elle, incontestablement, qui porte la série de Showtime et lui confère ce ton si particulier, fort bien résumé par cette phrase de Jackie : « Rends-moi meilleure, Seigneur. Mais pas tout de suite. »

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