Est-ce à cause du ciel plombé, comme seule la Toussaint peut en faire ? Ou bien du changement d’heure, annonciateur d’un hiver trop long ? Quoi qu’il en soit, et comme l’altruisme, l’amour de mon prochain et le dévouement sont mes seuls guides – si, si -, j’ai décidé de vous faire partager aujourd’hui ma méchante humeur et de vous parler de ces personnages qui nous agacent, nous font grincer des dents, crisper la mâchoire et frissonner l’échine. Si nous en avons tous croisé quelques uns au hasard de nos visionnages, il est parfois difficile de s’expliquer pourquoi celui-ci et pas celle-là déclenche en nous des envies de meurtre ; les personnages retenus pour ce billet sont donc le fruit de la plus parfaite subjectivité…
Jenny Schecter, la narcissique (The L Word)
Interprétée par Mia Kirshner, Jenny Schecter est un personnage clé de The L Word, celle par qui tout commence : fraîchement débarquée à Los Angeles, où l’attend Tim, son compagnon depuis trois ans, Jenny nous servira de guide au sein du milieu lesbien de L.A. A priori très amoureuse de son homme, sa rencontre avec la pulpeuse Marina va pourtant bouleverser sa vie et l’amener progressivement à admettre son homosexualité.
Le problème avec Jenny, c’est qu’elle en fait des tonnes : femme-enfant aux mimiques précieuses et à la fausse fragilité, capricieuse à ses heures, narcissique, manipulatrice et menteuse lorsqu’elle ne se sent pas suffisamment aimée, elle s’est rapidement attirée une cote d’impopularité telle que la créatrice de la série, Ilene Chaiken, s’est efforcée d’appliquer au personnage des changements susceptibles d’inverser la tendance. Peine perdue : Jenny restera le personnage le moins apprécié de The L Word, malgré son rapprochement avec la très populaire Shane. Conscients qu’il ne pourront changer la donne, les scénaristes décideront par la suite de s’en amuser… jusqu’au bout.
La saison 2 et ses passages onirico-pédants censés mettre en scène les textes écrits par Jenny – oui, parce que Jenny écrit – constituent une véritable épreuve, et n’ont certainement pas contribué à renforcer la sympathie à son égard. Le New York Magazine résumera finalement assez bien le développement de son personnage : « Season 1 : Selfish Jenny ; Season 2 : Victimized Jenny ; Season 3 : Heartless Jenny ; Season 4 : Vindictive Jenny ; Season 5 : Bitchy and narcissistic Jenny : Season 6 : D… (spoiler) Jenny ».
Theodore « T-Bag » Bagwell, le méchant très méchant (Prison Break)
Originaire de l’Alabama, T-Bag est le fruit d’un viol incestueux, son père ayant agressé sa propre soeur – la tante de T-Bag -, atteinte de trisomie 21. Le ton est donné, et l’on comprend facilement que ce background ait quelque peu ravagé le garçon, dont l’enfance fut marqué par la violence et les abus sexuels. Le petit Theodore s’essaie un temps à la torture sur les animaux, avant d’entamer une carrière dans le vandalisme. Arrêté après avoir tenté d’incendier la maison de son instituteur de CM1, il est condamné à purger une peine dans un centre pour jeunes délinquants. C’est à cette occasion qu’il marque encore quelques points dans le concours du plus sale type ever, puisqu’il devient alors membre de l’« Alliance pour la pureté », un groupuscule fictif néo-nazi. Quelques années plus tard, T-Bag est condamné à perpétuité pour viols, enlèvements et meurtres.
Son incarcération ne l’empêche pas de continuer à terroriser et violer de jeunes garçons qu’il soumet totalement à sa volonté, et ses fameux roulements de langue glaceront le sang de ses codétenus et de bon nombre de téléspectateurs. Des codétenus qui n’auront d’autre choix que de l’inclure à leur projet d’évasion, dont T-Bag a malencontreusement eu vent et qu’il menace de révéler au grand jour s’il n’y est pas associé ; une main en moins – on se souvient d’ailleurs avec régal de la tentative de greffe faite par un… vétérinaire - et quelques semaines de cavale plus tard, il parvient avant Lincoln et Michael à l’endroit où est censé les attendre l’argent de Westmoreland, apprend le plan menant au butin par coeur et l’avale, forçant les deux frères à collaborer avec lui. Fourbe, manipulateur, pervers et violent, T-Bag est l’incarnation même du « vrai méchant », qui glace le sang mais dont on attend impatiemment chaque apparition. Robert Knepper, l’acteur qui l’incarna durant quatre saisons, raconte d’ailleurs comment, alors qu’il sortait d’un ascenseur, une femme qui se tenait sur le palier se mit à hurler lorsque les portes s’ouvrirent, persuadée qu’elle avait devant les yeux le « véritable » T-Bag…
Rhonda Volmer, la manipulatrice (Big Love)
Interprétée par Daveigh Chase, Rhonda Volmer est une des pestes les plus réussies de ces dernières années : au début prise en pitié de par la cruauté de sa situation – Rhonda est « réservée » depuis ses 14 ans au Prophète Roman Grant, chef spirituel de la communauté mormone fondamentaliste de Juniper Creek -, les scénaristes s’amusent très rapidement à détourner le personnage.
De victime innocente, Rhonda acquiert peu à peu le statut de la plus grande manipulatrice de l’Utah : après s’être enfuie de Juniper Creek dans le coffre de la voiture de Nicki et Bill, elle supplie Barb, la « chef » des trois épouses de Bill, de l’accepter au sein de sa famille – après avoir été à l’origine de leur dénonciation publique, la polygamie étant interdite en Utah et réprouvée par l’Eglise officielle mormonne -. Voyant que la sauce ne prend pas, la jeune Rhonda – 16 ans à peine – passe au chantage et aux menaces en tout genre ; appelée comme témoin à charge lors du procès de Roman Grant, elle prévoit là encore de mentir, avant que Adaleen, la première femme de Roman, n’achète son silence. Menteuse pathologique, calculatrice, égoïste et malsaine, Rhonda est un personnage complexe, bien écrit et extrêmement bien interprété.
Ralph Cifaretto, l’instable (Les Soprano)
Simple « soldat » au sein de la famille mafieuse DiMeo lors de sa première apparition dans Les Soprano (3.02), Ralph Cifaretto est promu « capo » sous l’autorité de Tony Soprano et de Corrado « Junior » Soprano. Cocaïnomane, capable d’accès de violence totalement imprévisibles, obsédé par le Gladiator de Ridley Scott, Ralph Cifaretto est ulcéré par le refus de Tony de le hisser au rang de « capitaine ». Passé maître dans l’art de toujours prononcer la mauvaise phrase au mauvais moment, il marquera les esprits en frappant à mort Tracee, une jeune strip-teaseuse du Bada Bing ; un geste qui choquera Tony, incapable de ne pas faire le rapprochement entre Tracee et de sa fille Meadow, toutes deux âgées de vingt ans.
Il n’hésitera pas à ordonner la mort de son beau-fils, et à quitter abruptement la mère de celui-ci, déjà dévastée par la disparition de son enfant. C’est tout naturellement sur Janice, la soeur de Tony, qu’il jettera son dévolu, tant celle-ci semble avoir un don pour attirer les plus désaxés des mafieux – on se souvient du point final sanglant mis à sa relation avec le tout aussi détestable Richie Aprile - ; les penchants sado-masochistes de Ralph, le garçon n’aimant rien tant qu’à jouer les femmes soumises, auront finalement raison de leur histoire.
J’ajouterai à mon palmarès des personnages les plus détestables celui d’Atia dans Rome, mère d’Octave et maîtresse de Marc-Antoine, ennemie jurée de Servilia ; Vern Schillinger, le tortionnaire de Tobias Beecher dans Oz, à la tête du groupuscule « Aryan Brotherhood », figure également en bonne place dans cette liste. Comment oublier, enfin, celle qui continue depuis plus de 35 ans d’être haïe par des générations de spectateurs : Nellie Oleson, l’insupportable gamine de La Petite Maison dans La Prairie, menteuse, manipulatrice, tricheuse et vaniteuse, peste d’entre les pestes qui se transformera néanmoins en épouse douce et aimante – comme toute femme respectable se doit de l’être dans cette série – après sa rencontre avec le New Yorkais Percival Dalton.
Et vous, quelle est votre liste noire ?