Créée par Jonathan Ames et diffusée sur HBO depuis septembre 2009, Bored to Death est une comédie new-yorkaise à la sauce Woody Allen, grinçante, indolente et désenchantée.
Dans la droite lignée des nouveaux anti-héros – que j’évoquais dans mon billet sur Hung -, Jonathan Ames (du nom du créateur de la série, donc) est un juif new-yorkais un peu paumé, fraîchement largué par sa copine à cause de son addiction au vin blanc et à la marijuana. Écrivain-journaliste en panne d’inspiration, il décide soudainement de se lancer dans une carrière de détective privé.
Le message des séries est clair en ce début de décennie : l’homme est en crise. Mal aimé, mal compris, mal payé, malheureux, abandonné par des femmes bien décidées à aller voir un peu plus loin si l’herbe est plus verte, le mâle s’ennuie à mourir. Il traîne son spleen du soir au matin, de verre en verre et de paresse en rumination stérile, fermement convaincu que la vie véritable est à chercher quelque part du côté de la fiction. Le mâle, qu’on se le dise, se mue peu à peu en une sorte d’Emma Bovary revisitée. A l’image de Ted dans How I Met Your Mother, c’est désormais l’homme qui tisse la romance et se fabrique des rêves de mariage et de famille nombreuse ; c’est également lui qui, à l’image du Jonathan de Bored to Death, se cherche une épaisseur et une consistance dans le fantasme de ses lectures.
Et quand ces lectures s’appellent “Farewell My Lovely” ( “Adieu ma jolie” ) de Raymond Chandler, et que le Jonathan en question se rêve soudain en privé rugueux à la Philip Marlowe, le spectacle promet d’être savoureux. Bored to Death peut déjà se targuer d’un casting irréprochable : le personnage de Jonathan est excellemment interprété par Jason Schwartzman (qui était également à l’affiche du Rushmore de Wes Anderson), épaulé d’un côté par Ted Danson ( Damages ) dans le rôle du patron totalement fêlé et de l’autre par le génial Zach Galifianakis (le barbu de Very Bad Trip) dans celui du pote looser et hypersensible.
Dialogues ciselés, situations improbables portées par un trio de tocards particulièrement attachants, Bored to Death avance sur la pointe des pieds, tout en fragilité et en maladresse, avec les qualités et les défauts d’un petit film indé.
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