samedi 6 novembre 2010

Breaking Bad : Peekaboo (2.06)

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Cet article évoque des éléments de la saison 1 et du début de la saison 2.

Même si chaque épisode de Breaking Bad mériterait à lui seul un article, il paraissait difficile de ne rien écrire sur Peekaboo, le sixième épisode de cette excellente deuxième saison. Vince Gilligan nous avait pourtant mis en garde en nous annonçant la progressive montée en puissance de la série ; le temps passe et balaye les doutes : Gilligan est un homme de parole. Toujours plus oppressante, toujours plus sombre et furieusement dérangeante, Breaking Bad semble bien décidée à ne rien nous épargner. L’incroyable descente aux enfers de Walter White, l’impossibilité toujours plus grande d’un quelconque retour en arrière, la violence sous-jacente de l’ordinaire et du quotidien : l’orage gronde et le silence qui le précède est particulièrement éprouvant.

Le titre de l’épisode, Peekaboo – jeu enfantin du “coucou/caché” -, résume à lui seul tout le propos des 45 minutes suivantes, si ce n’est de l’ensemble de la série : qui se planque derrière le masque ? Alors que nous pensions avoir découvert la vraie personnalité de Walter, libéré de son déguisement de bon père de famille sans ambition mais conservant intact son capital sympathie, c’est sous un jour nouveau et beaucoup moins séduisant que nous le découvrons ici : égoïste, colérique, Walt s’enfonce si profondément dans le mensonge qu’il en arrive à flirter avec une certaine cruauté. A la souffrance de Skyler qui lui crache au visage son besoin de vérité, c’est un déni massif qu’il oppose, n’hésitant pas en revanche à exiger des explications sur un paquet de cigarettes trouvé dans les toilettes ; Gretchen, son amie et ex-amante, qui exige de comprendre pourquoi il a refusé son argent et prétendu le contraire à sa famille, ne recueille comme explication qu’un lapidaire « Va te faire foutre ».

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Refusant de s’impliquer dans la vente de la drogue, Walt n’en exige pas moins de Jesse un total dévouement et une prise de risque croissante. Furieux que l’un de ses dealers se soit fait voler 30 gramme de métamphétamine par un couple de toxicos à la dérive, Walt somme Jesse de s’introduire chez eux et de les éliminer. Jesse se rend sur les lieux, la peur au ventre, mais ce qu’il y découvre dépasse l’entendement : la misère d’un taudis où s’empilent les ordures, et quelque part au milieu des immondices, un petit garçon mutique et depuis longtemps oublié. L’absence de musique, la longueur de la séquence, l’obscurité, le silence : chaque plan tourné à l’intérieur de la maison renforce le malaise, qui s’achève dans une folie glaçante et difficilement soutenable. Outre qu’il permet à Aaron Paul de laisser exploser son talent, l’épisode souligne l’évolution presque diamétralement opposée des deux personnages : là où Walter prend un certain plaisir à saccager sa vie, Jesse se débat comme il peut pour (re)construire la sienne. La promesse d’une vie meilleure formulée au gamin dans les dernières minutes de l’épisode relève davantage de son propre espoir que d’un constat personnel.

Si la première saison de Breaking Bad nous faisait naviguer entre deux eaux, aussi inquiets que fascinés par la descente aux enfers du petit prof de chimie, la seconde ne laisse aucun doute : il n’y a pas de jouissance dans le nouvel univers de Walter White, ni d’autre découverte possible que la misère et la souffrance à l’état brut.

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