samedi 6 novembre 2010

Dexter : bilan de la saison 1

Dexter : bilan de la saison 1

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« Tonight’s the night. And it’s going to happen again and again. Has to happen. Nice night.»

C’est sur ces quelques mots, balancés par la voix chaude et étrangement calme de Michael C. Hall, que débute le pilote de «Dexter» . Une scène d’ouverture qui pose d’emblée les choix narratifs et esthétiques de la série, et nous embarque dans une traversée nocturne et trouble de Miami, loin des clichés de carte postale. Car il s’agit bien de cela dans cette première saison (et dans les suivantes) : découvrir l’envers du décor. D’une ville, Miami ; d’une justice et d’une police entravées par les intérêts politiques ; d’un homme enfin, Dexter, expert en médecine légale le jour, tueur en série la nuit.

Pas n’importe quel expert toutefois, puisque le garçon est spécialisé dans l’analyse des traces de sang relevées sur les lieux de crimes ; pas n’importe quel assassin non plus, mais un serial killer de serial killers : Dexter, protecteur de la veuve et de l’orphelin, ne s’attaque en effet qu’aux meurtriers qui sont passés entre les mailles du filet judiciaire.

Mais c’est moins par conviction intime que sous l’effet d’un conditionnement profond qu’il s’astreint à une telle « morale » : gamin adopté par un officier de police de Miami dans des circonstances très particulières (que je n’évoquerai pas ici pour ne pas vous ruiner l’effet de surprise), Dexter a appris très tôt par son père adoptif Harry à canaliser ses pulsions meurtrières. Tuer ceux qui le méritent, selon le « code Harry », tel est l’enseignement qu’il n’a cessé d’appliquer pour satisfaire en même temps son père, sa conscience et celui qu’il appelle son « dark passenger ».

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Dexter a-t-il une conscience ? C’est semble-t-il l’un des principaux enjeux de la série, qui ne cesse d’émettre des signaux contradictoires : si le personnage se présente lui-même comme un être froid et sans âme, dénué de sentiments et d’émotions, absorbé à singer le comportement humain et les apparences d’une vie normale, ses expériences et apprentissages intimes semblent prouver le contraire. Si Dexter entreprend de fréquenter Rita et ses enfants pour se fondre dans une certaine normalité, il n’en reste pas moins qu’il se surprend progressivement à s’attacher à cette famille, tout comme à sa demi-soeur Deborah. C’est toute l’ambiguïté de la série qui, en faisant du personnage de Dexter un faux anti-héros, nous renvoie à notre propre moralité : comment cautionner les actes meurtriers de ce type pourtant si attachant ?

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Dès lors la série prend des allures de parcours initiatique, mettant en scène un personnage sans cesse en quête de sa propre humanité. C’est sur le registre de son passé et de son vécu personnel que la première saison s’attelle à cette problématique, en mettant en place dès le premier épisode l’arc narratif du « tueur au camion frigorifique », « the Ice truck killer ». Dexter va se retrouver confronté à ses propres démons, et n’aura d’autre choix que celui de se positionner très clairement.

Impossible enfin de ne pas saluer l’incroyable performance de Michael C. Hall (tout aussi habité par le personnage de David dans « Six Feet Under »), qui parvient sans cesse à souffler le chaud et le froid et dont le timbre si particulier donne toute sa force à la voix-off.

Une première saison très convaincante, au jeu impeccable et à la mise en scène soignée. Ou comment se surprendre à espérer que Dexter ne cesse de tuer…

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