samedi 6 novembre 2010

24 h chrono : Jack Bauer retourne au charbon

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24 heures pour sauver le monde, dernier acte. Près de neuf ans après la diffusion du premier épisode, le 6 novembre 2001, l’incroyable (au sens propre comme au figuré) série créée par Joel Surnow et Robert Cochran entame sa huitième et ultime saison.

Série de l’après-11 septembre qui a véritablement dynamité les codes du feuilleton – jusqu’ici principalement investi par le soap -, « 24 heures chrono » a fait de Jack Bauer le fer de lance moderne de la croisade contre le terrorisme, et surfe depuis sa création sur la vague de peur qui s’est emparée des États-Unis au lendemain des attentats du World Trade Center.

Intrigues croisées, histoire principale mêlée à des histoires secondaires mineures, recours fréquent au split-screen, cliffhangers et climax hallucinants, arcs narratifs qui se succèdent sans répit : autant de caractéristiques qui, si elles sont devenues la marque de fabrique de « 24 », n’en étaient pas moins pour la plupart propres au genre bien spécifique qu’est le feuilleton.

Mais là où « 24 » innove, c’est dans le concept simple et pourtant bien vu de la narration « en temps réel », vingt-quatre épisodes d’une saison correspondant à vingt-quatre heures de la vie de Jack Bauer. Un temps réel on ne peut plus irréaliste toutefois, au vu de l’absence totale de besoins physiques et naturels de Bauer ; et l’on se met parfois à rêver de le voir, en toute simplicité, prendre une douche et piquer un roupillon… Mais Jack Bauer est-il vraiment humain ?

jack tight shot wall

« 24 » doit aussi – en partie – à la publicité sa structure et son rythme haletant : les networks américains imposant en effet huit minutes de pub par demi-heure de programme, la diffusion d’un épisode de « 24 » en englobe donc seize au total, soit une coupure pub toutes les sept à douze minutes. Chaque fois que les secondes défilent sur l’écran pendant la série, le téléspectateur américain est abreuvé d’une coupure – le temps s’affichant avant et après chaque coupure -, soit au final un véritable matraquage publicitaire autour duquel sont construites les séries produites et diffusées par les networks. Par opposition, l’absence de publicité sur les chaînes à péage de type HBO explique – en partie là-aussi - le rythme beaucoup plus lent et cinématographique de leurs séries.

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Mais trêve de bavardage et place à l’action, pour un rapide retour sur les sept précédentes saisons de « 24 ».

Dans la première saison, Jack Bauer doit déjouer un attentat contre David Palmer, président des États-Unis, et voit sa femme et sa fille également menacées.

Dans la seconde saison, Bauer, qui avait quitté la cellule anti-terroriste, retourne au charbon pour protéger Los Angeles d’une bombe atomique, attentat commandité par de mystérieux hommes d’affaires dans le but de déclencher une guerre entre les États-Unis et certains pays du Moyen-Orient.

Dans la troisième saison, les États-Unis sont cette fois menacés par une arme bactériologique. Tandis que le président Palmer revient à Los Angeles pour son éventuelle réélection, un message annonce la libération du virus si Salazar – un gros dealer mexicain bien connu de Bauer – n’est pas libéré dans les six heures.

Dans la quatrième saison, Bauer travaille désormais pour le secrétaire de la Défense, James Heller, et doit déjouer une vague d’attentats organisée par Habib Marwan. En grand danger, Bauer doit mettre en scène sa propre mort avant de changer d’identité.

Dans la cinquième saison, une vague d’assassinats touche toutes les personnes qui savent que Bauer est en vie ; celui-ci doit une nouvelle fois revenir pour déjouer un complot organisé par le président des États-Unis himself. Jack Bauer est finalement enlevé par la Chine.

Dans la sixième saison, Bauer rentre aux États-Unis et doit être livré à un terroriste en échange d’informations. Mais la menace d’une bombe atomique (encore) pèse sur Los Angeles.

Dans la septième saison, enfin, Bauer est entendu par le Sénat au sujet des actions qu’il a menées. Il doit également affronter l’armée du général Juma, à la tête d’un pays africain fictif, qui collabore avec des sociétés américaines de mercenaires. Bauer ne travaille plus avec la cellule anti-terroriste mais avec le FBI.

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La huitième saison, quant à elle, se déroule à New-York, huit mois après les événements de la septième saison. Dans ces deux premiers épisodes, Jack Bauer, qui s’apprêtait à quitter New-York pour Los Angeles en compagnie de sa famille, voit débarquer chez lui Victor Aruz, un ancien informateur : blessé, celui-ci prétend détenir des informations capitales sur une tentative d’assassinat contre Omar Hassan, président d’un pays fictif du Moyen-Orient – le Kamistan -, sur le point de signer un accord de paix avec la présidente des États-Unis, Allison Taylor. Aidé de Chloé, son ancienne partenaire, Bauer va tout tenter pour déjouer cet attentat.

Deux épisodes un peu poussifs et laborieux pour cette huitième saison, où l’on entendrait presque grincer les rouages grippés du scénario. La difficulté à justifier une nouvelle saison se fait sentir, et cette heure et demie n’est pas de trop pour retrouver une certaine cohérence et justifier la présence de certains personnages. Mais gageons que les scénaristes sauront redonner du rythme à la huitième et dernière saison de « 24 », série ambivalente à la morale quelque peu contestable : Jack Bauer torture, tue et se venge, martelant à travers chacun de ses actes que la fin justifie (tous) les moyens et que merde après tout, oeil pour oeil et dent pour dent. Quel sorte de héros cela en fait-il, et à quel degré de lecture doit-on avaler « 24 » ?

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Toutefois, en dépit de son caractère bourrin et un poil rustaud – soyons honnêtes : c’est aussi pour ça qu’on l’a tous regardée -, « 24 » surprend par une certaine capacité à se nourrir de la vie politique des États-Unis, notamment à travers les figures des présidents successifs. David Palmer fut ainsi président noir avant Barack Obama ; quant à Allison Taylor, femme présidente… il n’est pas interdit d’espérer.

Allez Jack, encore un effort.

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