Deux ans après The Mist, l’adaptation de la nouvelle éponyme de Stephen King par Frank Darabont, c’est toujours en plein brouillard que l’on retrouve Thomas Jane. A un détail près : ce n’est plus à une armée de monstres gluants que l’Amérique doit faire face, mais aux conséquences de la crise économique.
Jane incarne Ray Drecker, entraîneur sportif et prof d’histoire dans un petit lycée de la banlieue de Détroit. Récemment largué par sa femme et ruiné par le divorce, Ray s’est réfugié avec ses deux grands enfants dans l’ancienne maison de ses parents. Jusqu’à ce qu’elle brûle. Que sa femme lui reprenne les gosses. Et qu’il se retrouve au pied du mur, campant dans son jardin et croulant sous le poids des dettes. Dépité, Ray s’inscrit un jour à un séminaire censé faire de lui un multimillionnaire en 10 leçons. Il y retrouve Tanya, une vieille connaissance et accessoirement ancienne partenaire sexuelle, qui va indirectement lui faire prendre conscience que son atout se situe… dans son pantalon. Ensemble, ils vont monter leur petite entreprise et découvrir les aléas du métier de gigolo.
Malgré un pitch qui ne fait pas spécialement dans la dentelle et qui prêterait davantage à sourire qu’à réfléchir, malgré un format – épisodes d’une vingtaine de minutes - habituellement réservé aux sitcoms, Hung - qu’on peut traduire ici par « bien monté » -, n’est pas une série légère. Certes l’humour est présent, mais grinçant et volontiers amer, puisque la nouvelle venue sur HBO s’ancre délibérément dans le contexte de la crise des subprimes, dans une ville – Détroit -, en récession depuis cinq ans et délestée de plus de cent mille emplois. Les premières images du pilote valent mieux qu’un long discours : des quartiers entiers semblent à l’abandon, les commerces ont mis la clé sous la porte depuis longtemps, et les façades des bâtiments tombent en ruine.
Dès lors, on saisit que le propos de Hung ne sera pas tant le formidable outil de Ray que la difficulté des classes moyennes à faire face à leur situation financière. Car Hung a l’honnêteté d’aborder frontalement la question de l’argent, fait rarissime dans une série américaine avant Les Soprano . Ray est bel et bien dans une merde noire, et n’a cessé de s’y enliser depuis qu’il a souscrit, comme des milliers d’Américains aux revenus modestes, un prêt immobilier à taux variable. Le générique de Hung montre le personnage de Ray traverser la ville en se débarrassant progressivement de tous ses vêtements : une mise à nu, au propre comme au figuré, d’un quadragénaire de la middle-class au bord du gouffre. Si les (anti) héros des séries des années 2000 avaient esquissé le trait, notamment via le personnage de Tony Soprano, ceux du début des années 2010 le soulignent : les nouveaux héros sont largués, dépressifs, fatigués et fauchés. Des « hommes du milieu » - middle life, middle class - qui s’ennuient à mourir dans un quotidien devenu trop étroit, comme l’illustre également le personnage de Jonathan dans la bien-nommée Bored to Death.
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