samedi 6 novembre 2010

Damages (saison 1) : si Machiavel était une femme

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Ellen Parsons court, ensanglantée, dans les rues de New-York. C’est sur cette image choc que s’ouvre la première saison de Damages, créée en 2007 par Todd A. Kessler, Glenn Kessler et Daniel Zelman (scénaristes à l’œuvre dans Les Soprano, The Practice et New York Unité Spéciale), et qui dynamita en son temps les codes de la série judiciaire.

Mais (re)plantons tout d’abord le décor. A la tête du cabinet d’avocats le plus puissant de la ville, Hewes & Associés, la redoutable Patty Hewes a récemment jeté son dévolu sur une nouvelle proie : Arthur Frobisher, financier véreux accusé d’avoir escroqué ses 5000 employés. Prête à tout pour parvenir à ses fins, Patty Hewes recrute la jeune et brillante Ellen Parsons, tout juste sortie de la faculté de droit. Mais entre petites combines et grandes trahisons, menaces et meurtres, Ellen va vite comprendre qu’elle n’a pas été embauchée que pour ses compétences professionnelles…

Qu’ont en commun Vic Mackey (The Shield), Lucy Spiller (Dirt), Raylan Givens (Justified), Christian Troy (Nip / Tuck) et Patty Hewes ? Ni tout à fait salauds ni franchement propres sur eux, tous partagent, outre l’affiche de séries produites par la chaîne FX, des méthodes discutables et un goût certain pour la manipulation ; convaincus que la fin justifie les moyens, c’est leur propre morale qui les guide dans la jungle quotidienne, moteur de combats plus ou moins justes, plus ou moins avouables. Patty Hewes, magistralement interprétée par Glenn Close, ne déroge pas à la règle FX : experte ès mensonges, menaces et chantages en tout genre, capable de colères glaçantes et de coups bas inimaginables, elle atteint dès le pilote un degré de machiavélisme tel qu’elle parviendrait à faire passer Jim Profit pour un enfant de chœur… C’est sur son personnage, remarquablement écrit, que repose en grande partie la force de Damages, nous livrant sans détour l’un des rôles féminins les plus marquants de ces dix dernières années.

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L’autre grande réussite de la série est sans nul doute sa construction narrative, l’intrigue principale étant révélée au fil des épisodes par le biais de flashforwards de plus en plus denses et fréquents : du recrutement de la jeune – et quasi innocente – Ellen Parsons – à sa course sanguinolente dans les rues de New-York, les pièces du puzzle s’imbriquent progressivement et viennent illustrer son inexorable descente aux enfers ; le grain de l’image et la saturation des couleurs, très prononcés dans les flashforwards, permettent de se situer dans le temps et contribuent à l’atmosphère oppressante qui se dégage de l’ensemble. Et lorsque le final, parfaitement orchestré, se met en place, la série de Kessler et Zelman achève de nous convaincre qu’au-delà du thriller juridique, elle est avant tout un incroyable portrait de femme(s).

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