samedi 6 novembre 2010

Les séries HBO : Six Feet Under et The Wire (journée d'étude du 8 juin 2010)

Mea maxima culpa : ayant pris moins de notes durant la présentation de Six Feet Under - série que je connaissais davantage, ceci expliquant peut-être cela -, et la présentation de The Wire, très riche également, s’appuyant davantage sur des extraits, je me suis résolue à regrouper en un seul billet les interventions de Emmanuel Halais et de Sandra Laugier, lors de cette deuxième journée d’étude sur les séries HBO. Je tiens malgré tout à les remercier, au même titre que les autres intervenants, pour leur analyse de ces deux séries, et à leur présenter mes excuses pour le caractère très synthétique de ce compte-rendu.

Six Feet Under, par Emmanuel Halais

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2001-2005 / 5 saisons / créée par Alan Ball

La mort de Nathaniel Samuel Fisher, percuté par un bus la veille de Noël alors qu’il allumait une cigarette au volant de sa voiture, va bouleverser la vie de sa famille. Il laisse derrière lui trois enfants, une femme et une entreprise de pompes funèbres, Fisher & Sons.

Emmanuel Halais, qui a choisi d’axer sa présentation sur le personnage de Nate, souligne très justement que si tous les membres de la famille Fisher sont en devenir, le caractère très superficiel de Nate au début de la série rend les changements particulièrement visibles chez lui. Nate qui, doué d’une véritable “bonté liante”, permet à la famille de se redécouvrir, ou plutôt de se découvrir une complicité ; Nate en qui, de par sa maladie, se concentre tout le propos de Six Feet Under : “everything ends” ; Nate qui, contre toute attente, est celui qui parvient le mieux à obtenir un contact de qualité avec les personnes endeuillées, puisant dans cette épreuve toute la richesse de leur expérience de vie.

Mais à quoi tient ce sentiment de faire corps avec la famille Fisher, d’en être un membre à part entière ? Comme l’explique Emmanuel Halais, les personnages de Six Feet Under ne se livrent pas plus au spectateur qu’ils ne se livrent à leur propre famille ; dès lors, le sentiment d’intégration et d’appartenance se tisse lentement, à mesure que les personnages décident de se livrer à une mère, une soeur ou un frère.

Comme je l’évoquais dans ce précédent billet, Six Feet Under ne s’appuie sur la mort que pour mieux parler de la vie, ravivant sans cesse notre conscience de la fragilité des choses ; “La mort donne sa signification à la vie”, dixit Alan Ball, mais cette fragilité des choses et des êtres, si elle est omniprésente dans la série, est toujours présentée comme insupportable. Une fragilité très justement illustrée par cet échange entre Nate et cette femme à qui il annonce sa maladie :

Nate : “Je vais mourir.”

La femme : “Moi aussi.”

Nate : “Qu’est-ce que vous avez ?”

La femme : “J’ai un corps.”

The Wire, par Sandra Laugier

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2002-2008 / 5 saisons / série créée par David Simon et co-écrite avec Ed Burns

The Wire a pour sujet la criminalité dans la ville de Baltimore, à travers la vision de ceux qui la vivent au quotidien : policiers, trafiquants, politiques, enseignants, journalistes, habitants de Baltimore…

Sandra Laugier introduit sa présentation par un bref rappel des cinq saisons de The Wire : la première saison (2002) s’intéresse plus particulièrement au trafic de drogue dans la ville de Baltimore, et voit l’entrée en scène des principaux personnages de la série : les flics, les gangsters, et le groupe des “jeunes” ; la deuxième saison (2003) se concentre sur les trafics en tous genres autour du port de Baltimore - 13 corps de femmes ont été retrouvés dans un container -, et notamment ceux du syndicat des dockers ; la troisième saison (2004) s’attarde sur le monde politique et la campagne municipale ; la quatrième saison (2006) tente d’expliquer les causes de la délinquance en abordant la question du système éducatif ; quant à la cinquième saison (2008), elle cible le journalisme et le traitement de l’information.

Sandra Laugier voit dans The Wire une volonté de déconstruction du cop-show classique, où la frontière entre le bien et le mal, les flics et les gangsters, est totalement inexistante. La série oscille entre une position journalistique, consistant à décrire les faits à partir de l’observation, et une position sociologique, tentant de trouver des explications aux dysfonctionnements d’une ville et d’un système. Sandra Laugier établit un rapprochement entre The Wire et Oz, dans la critique politique et sociale véhiculée par un pessimisme extrême, dans l’approche sociologique, dans l’alternance entre les discours plus théoriques, les déclarations d’intention et leur illustration sur le terrain, dans la notion de destin et de prédétermination, mais aussi dans la position centrale occupée par des personnages noirs.

La semaine prochaine, God Save My Screen vous proposera le compte-rendu de True Blood, par Paola Marrati.

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